9 Septembre 2018
Livraison du véhicule au bout du ponton à 10h tapantes, options 2nd conducteur et siège enfant gratuites, pas de caution, nous partons avec un petit sentiment de victoire vers Tafraout (ou Tataprout pour Maëlle). Le trajet de la journée nous enchante déjà: arganiers à perte de vue, chèvres et moutons noirs et blancs, maisons en pisé (mélange de torchis et de terre), ciel bleu azur (qui change du ciel blanc brumeux d'Agadir).
L'hotel des Amandiers à l'air de casbah domine la ville de Tafraout. Nous l'avons choisi pour sa piscine qui nous fait d'autant plus rêver que la clim de la Duster nous a vite montré ses limites. Nous sautons dans nos maillots, courons au bassin avec vue panoramique sur les montagnes de l'anti-atlas et...nous arrêtons net: des enfants et des hommes jouent dans l'eau mais les femmes sont assises sur des chaises autour de la piscine, toutes voilées et la plupart en niqab (voile couvrant intégralement le visage). Delphine et son maillot de natation se jettent à l'eau avec les filles tandis que je préfère bouquiner toute habillée sous le parasol! Alors que 3 chambres de l'hôtel sur 60 sont occupées, la piscine est devenue municipale.
Heureusement le lendemain matin, elle sera entièrement à nous et à nos bikinis et nous partirons rafraîchis découvrir les gorges d'Ait-Mansour. Sur la route désertique, des taches de couleurs nous surprennent: ce sont les rochers bleus peints dans les années 80 par un artiste belge (et repeints régulièrement par les habitants). Nous passons ensuite des cols sur des routes parfaitement entretenues (et parfois enneigées l'hiver) pour redescendre dans des vallées verdoyantes. Louise parle d'océans de palmiers. Nous nous arrêtons déjeuner dans le village d'une palmeraie (où Giscard est passé en 2007!). Nous reconnaissons les environs d'un village à la quantité d'ordures jetés dans l'oued (lit asséché de la rivière) et au nombre de palmiers noircis (apparemment lorsque les déchets sont brûlés).
Dans la vallée suivante, nous nous balladons dans la palmeraie et découvrons des amandiers, des grenadiers et...une falaise à escalader. Alors que les grimpeurs s'éclatent, Delphine et moi sommes invitées par une femme et ses 2 filles à manger une sorte de crêpe au lait de chèvres toute chaude. Les murs épais et les moucharabiehs (fenêtres ornées de fer forgé) laissent les petites pièces entourant la cour centrale fraiches et sombres. Le reste de la troupe arrive à temps pour caresser les 4 chèvres. L'aînée juste mariée tient à ce que Louise essaie son diadème de mariage. Le souk de Tafraout ferme tard mais pas les restaurants. Le café de l'Atlas nous sert sa dernière omelette berbère au fromage (=vache qui rit) et salade d'orange à la cannelle.
Nous partons le lendemain pour Taroudant que nous atteindrons après une bonne journée de route. Surnommée la mini Marrakech, Taroudant est une grosse bourgade de 70.000 habitants entourée par des remparts de terre rouge. Au coeur de la medina, l'entrée de notre riad se trouve au fond d'un passage mal éclairé et bas de plafond. Mais quelle surprise en ouvrant la porte: un bassin d'eau turquoise, des plantes, des fleurs, une fontaine à mosaïque, un enchevêtrement d'escaliers et de petites terrasses avec des murs en zellig et tadelakt (peinture et carreaux typiquement marocains, mon rêve de salle de bain irréalisable à Paris!). Évidemment les 2 chambres sont superbement décorées et le petit déjeuner parfait (confiture orange carotte, crêpe, jus d'orange frais). Le riad Tafilag comble parfaitement notre fantasme de riad marocain et on y passerait bien notre journée! Mais la promenade en calèche (+visite du souk et de la coopérative féminine d'huile d'argan) nous attend. Courte halte au Palais Salam pour boire au café (hôtel majestueux mais peu entretenu faute d'un accord entre les membres de la famille royale propriétaire).
En avance sur notre programme (et les routes marocaines étant plus praticables que prévues suite à un grand programme de constructions), nous décidons de passer par la réserve naturelle Souss Massa avant de rentrer à Agadir.